Deux bijoux d'Herculanum

 

Deux bijoux d’Herculanum

 

(par Philippe Durbecq)

 

 

Au Dr. Philippe Dieudonné, historien, pour son amitié de bronze et pour son immense culture

Au Dr. Francesco Sirano, Directeur du Parc archéologique d’Herculanum, pour sa science, mais aussi pour son talent de pédagogue

 

 

 

Le 24 octobre de l’an 79 après J.-C., vers treize heures (la septième heure pour les Romains), le Vésuve se réveille après plus de mille ans[1] de sommeil…


Le phénomène débute par une immense explosion du cratère : la charge de gaz qui s’est accumulée a fait exploser le bouchon de lave comme celui d’une bouteille de champagne. Ensuite s’est formée la colonne éruptive, un énorme panache en forme de pin parasol nous racontent les sources[2] constitué de matière gazeuse et cendrée qui va s’amasser tout l’après-midi et s’élever jusqu’à une hauteur de plus de vingt kilomètres.

 

Un témoin oculaire, Pline le Jeune (au Livre VI de ses Lettres), nous en a en effet laissé une description à la manière d’un journaliste dépeignant à la fois la catastrophe avec tous ses détails (un ciel d’encre en plein jour, les secousses, le grondement sourd, grave et profond du volcan, les mouvements de foule), mais également les sentiments humains qui en résultent (l’affolement, l’angoisse, la panique) : « Une nuée se formait (on ne pouvait bien voir de loin de quelle montagne elle sortait, on sut ensuite que c’était du Vésuve), ayant l’aspect et la forme d’un arbre et faisant penser surtout à un pin. ». « Il était déjà sept heures du matin, et il ne paraissait encore qu’une lumière faible, comme une espèce de crépuscule. Alors les bâtiments furent ébranlés par de si fortes secousses qu’il n’y eut plus de sûreté à demeurer dans un lieu à la vérité découvert, mais fort étroit. Nous prenons le parti de quitter la ville ; le peuple épouvanté nous suit en foule, nous presse, nous pousse ; et, ce qui dans sa frayeur tient lieu de prudence, chacun ne croit rien de plus sûr que ce qu’il voit faire aux autres. ».

 

Qu’emportaient les fugitifs en quittant leur logis dans la précipitation ? Un peu comme nous à l’annonce d’une catastrophe : ils prenaient leurs bijoux, l’argenterie, la clé de leur maison et une lampe (car rappelons-le, même si nous sommes au milieu de l’après-midi, le ciel est complètement noir). L’exemple le plus connu est le squelette appelé « la dame baguée » (« Ring Lady ») en raison des bagues en émeraude et en rubis trouvées sur la main gauche de la malheureuse victime. Deux bracelets en or (elle portait une parure de double armille à tête de serpents[3] affrontés) et des boucles d’oreilles en or ont également été découvertes à côté de la femme.

 

Bague en rubis (source : site « Romanoimpero » – Hyperlien https://www.romanoimpero.com/2018/11/tesoro-di-pompei.html[4])

    

Armilla à têtes de serpents affrontés (photo issue du site COMMA2 – Hyperlien : fusillo3.wixsite.com/senzalimiti – auteur de la photo : Angelo Fusillo (que je remercie ici pour son aimable autorisation)


En matière de bijoux, on a eu la « chance[5] » de retrouver à Herculanum, dans la boutique du graveur de gemmes (gemmarius)[6], des bijoux terminés ou en cours de finition et notamment des intailles [7] ecornaline[8] ou en pâte de verre qui imite le cristal de roche, ainsi qu’une vile imitation de camée[9] en pâte de verre, mais qui s’avère très intéressante d’un point de vue iconographique. En effet, il s’agit d’un souverain hellénistique, d’un des tout derniers Ptolémée reconnaissable à son béret semblable à celui des Afghans et qu’on nommait kausia[10].

A côté de ces objets trouvés chez un professionnel, les fresques nous parlent aussi de ce besoin insatiable de recherche du luxe, de désir inassouvi de possession, de volonté de vivre au milieu d’un décor fastueux, bref aussi « d’épater la galerie » : celles du triclinium de la villa d’Oplontis, par exemple, nous montrent de somptueuses colonnes ornées d'or, de gemmes, de perles[11] et de sarments de vigne métalliques.

 

Triclinium de la villa d’Oplontis (ce fichier est sous Creative Commons license Attribution 3.0 Unported, auteur: Amadalvarez, source: travail personnel)

N'oublions pas non plus que le commerce des métaux était florissant, car un bijou, c’est un ensemble : une pierre précieuse, mais également le support (en bronze, en argent, en or) dans lequel elle est sertie, le but du sertissage étant de mettre en valeur la beauté de la pierre et de la faire resplendir[12] de manière optimale avec la lumière. L'or ne pouvait toutefois être arboré que par des personnes de haut rang, appartenant à des classes sociales élevées comme les sénateurs, car ce métal noble était considéré comme un signe de distinction sociale (un « marqueur social »). Celui qui portait des objets en argent ou en bronze était ipso facto issu de classes moins favorisées. 

Les artisans locaux, spécialisés dans l'importation de ces matières premières précieuses, ainsi que dans le travail de ces matières et la vente d’objets de luxe, étaient donc très actifs à cette époque dans la ville d’Herculanum. Cette tradition s’est d’ailleurs perpétuée jusqu’à nos jours puisque Resina qui a remplacé Herculanum a été et est toujours la deuxième ville du monde pour la production de camées. Les marchands profitaient également du goût des habitants d’Herculanum pour l’exotisme : le pouvoir s’acheter ce qui vient de l’autre bout de la Terre : le paraître en société était une priorité, une valeur plus que jamais d’application à notre époque (« être vu »). Aussi les marchands trouvaient-ils à Herculanum, un lieu tout à fait propice à leur commerce : un port et des clients potentiels pour écouler l’ambre de la Baltique[13], les soieries de Chine[14], le lapis-lazuli d’Afghanistan, …

Dans les salles voûtées (hangars à bateaux) situées sur l’ancien rivage d’Herculanum[15], les archéologues ont également fait de somptueuses découvertes.

 

Source : site « Romanoimpero » – Hyperlien : https://www.romanoimpero.com/2010/02/ercolano.html[16]

 

Celles-ci nous renseignent sur le statut social des citoyens qui appartenaient à la classe moyenne de la ville : une petite coupe en onyx (variété d’agate) retrouvée à côté du squelette d’une femme qui portait un collier comprenant différentes pierres, avec des perles en forme d’amulettes[17].   

Petite coupe en onyx (photo issue du site https://mariasannino.com/ – Hyperlien : https://mariasannino.com/2019/01/15/lantica-herculaneum-e-la-preziosita-dei-suoi-gioielli/ – auteur de la photo : © Dottoressa Marina Sannino (que je remercie ici pour son aimable autorisation)

 

L’exposition récente SplendOri organisée en 2019 dans l’Antiquarium d’Herculanum a récemment mis l’accent sur le fait que les bijoux révélaient aussi l’organisation de la civilisation romaine où le luxe et son ostentation répondent à des règles sociales précises. Dans le documentaire « Lapelli del Parco Archeologico di Ercolano « SplendOri », le Dr. Francesco Sirano, le Directeur du Parc Archéologique d’Herculanum explique que « la principale classe sociale d’Herculanum était composée de liberti, c’est-à-dire d’anciens esclaves affranchis qui avaient accumulé d’immenses fortunes. Ils avaient dès lors la possibilité d’acheter des bijoux précieux, mais aussi le devoir du point de vue symbolique de leur statut de s’habiller dignement et de s’afficher avec ceux-ci[18]. L’archéologue précise que « c’était particulièrement vrai pour le code vestimentaire des Anciens Romains[19] ». Outre cette ostentation de la réussite sociale, le contexte culturel jouait aussi un rôle : Herculanum jouxte comme l’écrit Strabon, dans sa Géographie (Livre V, 4, 8)[20] la cité grecque de Neapolis (« Ville-Neuve » en grec), qui exerça une influence importante sur le plan culturel (bien qu'elle soit devenue romaine, on y constate une persistance d’un esprit et des mœurs grecs : elle conserve encore ses gymnases, ses éphébies et ses phratries, les dénominations y étaient généralement grecques, et les philosophes, ainsi que les hommes politiques aimaient s’y réunir).

 

Une autre de ces salles voûtées a livré un groupe de bijoux en or qui constitue la découverte la plus remarquable et la plus précieuse effectuée, jusqu’à nos jours, dans la zone d’Herculanum. Il s’agit entre autres d’un collier en or[21] d’une très grande longueur (1,80 m) que l’on disposait de manière croisée sur la poitrine (la chaîne, en serrant les plis de la robe[22], mettait en relief la silhouette féminine[23]) et de deux superbes bracelets à semi-sphères[24] qui se portaient par paires.

 

Collier en or (photo issue du site https://mariasannino.com/ – Hyperlien : https://mariasannino.com/2019/01/15/lantica-herculaneum-e-la-preziosita-dei-suoi-gioielli/ – auteur de la photo : © Dottoressa Marina Sannino (que je remercie ici pour son aimable autorisation)

 

 

Bracelet à semi-sphères (issue du site COMMA2 – Hyperlien : fusillo3.wixsite.com/senzalimiti – auteur de la photo : Angelo Fusillo (que je remercie ici pour son aimable autorisation)

 

On a dit que seules des personnes petites et de faible corpulence pouvaient mettre des bracelets. Ce n’est pas exact : il y avait différents formats. Certains bijoux étaient d’ailleurs clairement pour hommes[25], p. ex. le bracelet[26] en argent massif extrêmement lourd (500 g. environ) retrouvé à la Grande Palestre de Pompéi (ce type de bracelet se plaçait sur le haut du bras). Déjà à l’époque hellénistique, on trouvait chez les Grecs des bijoux pesants (la paire de bracelets illustrée ci-dessous fait près de 200 g.) et les anneaux derrière les têtes de Tritons[27] (mâle et femelle – une tritonesse –) étaient justement prévus pour attacher les bracelets aux manches du vêtement, car leur poids les aurait fait glisser le long des bras.


(Photo du domaine public – Hyperlien https://www.metmuseum.org/art/collection/search/254842)

 

On peut d’ailleurs noter que les bijoux n’étaient pas nécessairement estimés pour leur beauté, mais plutôt pour leur taille ou leur poids, du moins si l’on s’en réfère au Satiricon de Pétrone, dans l’épisode où Trimalchion se lamente lorsque son épouse Fortunata enlève ses bijoux lors du festin : « Voyez, disait-il, l'attirail d'une femme ! Qu'y faire ? Et nous, pauvres sots, elles nous ruinent. Six livres de poids et la demie, c'est ce que le bracelet doit avoir ; et moi, nonobstant ce, j'en ai un de dix livres, que j'ai fait faire avec les millièmes de Mercure. – Et enfin, pour prouver qu'il n'en imposait pas, il fit apporter une balance, et chacun dut vérifier le poids. ». 

L’armilla d’Herculanum (SAP 78944-78945)

Selon le Dictionnaire des Antiquités gréco-romaines de Daremberg et Saglio, plusieurs termes étaient utilisés, en latin, pour désigner les bracelets ou, d’une manière plus générale, les anneaux, portés soit aux bras, soit aux jambes, « Armilla » étant le nom commun : brachiale ou torques brachialis et spinther s'appliquaient plus particulièrement à ceux qui se portaient à l'avant-bras. D’après Festus[28], le spinther était même un bracelet que les femmes portaient en haut du bras gauche, dextrocherium et dextrale étant les noms réservés à ceux de la main et du bras droits. On trouve aussi le mot spatalium chez Pline également employé pour des bracelets portés au bras ou au poignet.

 

Les Armillae pouvaient être (très rarement[29]) dédicacées comme cet exemplaire trouvé à Moregine[30] sur une victime du désastre de 79 après J.-C. : « Dom(i)nus suae ancillae » (« D’un maître à son esclave »)[31]. Offrir un tel cadeau, si luxueux et si onéreux (une livre d’or et deux diamants pour les yeux) à une simple esclave[32] témoigne d’un amour inouï, illimité, cosmique et devait signifier que cette femme comptait énormément pour l’homme qui le lui a donné, mais il y a une question que je ne m’explique pas : pourquoi le dominus n’a-t-il pas tout simplement indiqué son nom ? Nous ne le saurons jamais : le couple est décédé à Moregine lors de l’éruption du Vésuve. Certaines rumeurs veulent que le maître passât ce bijou à tous ses esclaves, ce qui expliquerait l’anonymat. Ma nature romanesque m’incite à préférer la version poétique à la thèse pornographique.

 

Le bracelet de Moregine (photo issue du site https://twitter.com/anisekstrong/status/1169419088222986240?lang=bg– auteur de la photo :  ©   Dr. Anise K. Strong, Associate Professor of History Western Michigan University (que je remercie ici pour son aimable autorisation)

De nombreux exemplaires de ce bijou de bras à maillons hémisphériques ont été découverts à Pompéi et à Herculanum. Par exemple dans la maison de Vénus en bikini à Pompéi (musée archéologique national de Naples). On en trouve également dans d’autres musées du monde comme celui de Mariemont, par exemple (inv. B.357). 


 

Bracelet du musée royal de Mariemont (inv. B.357), Planche I.1. de l’article de Véronique Lamy, L’orfèvrerie romaine à Mariemont. De auris Pompeianis, In : Les cahiers de Mariemont, volume 22, 1991, page 37 © Musée royal de Mariemont.


Véronique Lamy nous en donne une bonne description dans son article consacré à L’orfèvrerie romaine à Mariemont. De auris Pompeianis : il s’agit d’un bracelet composé de paires d’hémisphères creux, eux-mêmes délimités par un double filigrane[33] perlé, entrecoupé en son centre par une demi-bille en or. Ce filigrane, en plus d’être un motif élégant et esthétique, sert également à masquer la soudure des deux hémisphères, mais aussi celle d’autres éléments comme les anneaux assurant la liaison entre les hémisphères : un double anneau réunit verticalement les deux hémisphères de chaque paire et ces deux mailles s’enchaînent ensuite à deux autres, horizontales celles-là, disposées, chacune, sur l’hémisphère suivant.

 

On est impressionné par l'ingénieux système de clavette servant de fermoir de l'exemplaire de Mariemont : « Le fermoir est constitué d’une part, d’une barrette soudée perpendiculairement aux derniers hémisphères. A cette barrette sont soudés deux cylindres creux, disposés verticalement avec un espace libre entre chacun. D’autre part, l’autre extrémité se compose également d’une barrette avec deux cylindres creux centraux qui viennent s’insérer entre les deux autres : les quatre sont alors réunis par une clavette recourbée au sommet[34]. Le dernier cylindre est intérieurement plus étroit que les autres, formant comme un petit entonnoir, de sorte que la clavette ne peut jamais tomber, ni s’égarer, étant toujours retenue à ce dernier par un renflement qui lui sert de tête et dont la dimension exactement calculée permet néanmoins à la clavette de traverser facilement les cylindres supérieurs. En termes d’orfèvrerie moderne, ce type de fermoir porte le nom de fermeture à baïonnette[35]. »

 

Une fois la clavette enlevée, la parure peut s'étaler à plat, ce qui n'est évidemment pas possible avec un bracelet réalisé en une pièce : la souplesse et l’agrément d’usage des bracelets et autres bijoux articulés, expliquent qu’ils aient été conçus ainsi.

 

Les hémisphères de l’exemplaire de Mariemont contiennent des concrétions dans leur partie intérieure concave. D’après les résultats de l’analyse, requise par la Dottoressa Teresa Giove du Musée National Archéologique de Naples, de la substance noire garnissant l’intérieur des hémisphères de certains bracelets, il s'est avéré qu’il s’agissait de cire d'abeille.

 

Pline l'Ancien mentionne bien, à plusieurs endroits de son Livre XXVIII de son Histoire naturelle, l’existence de divers bracelets creux dans lesquels on insérait des organes et des substances animales ou humaines pour en faire des amulettes de protection[36], mais il n’y cite pas explicitement la cire comme matière. D’autres exemplaires que celui de Mariemont sont d’ailleurs apparemment exempts de concrétions[37] (ils ne sont d’ailleurs pas complètement refermables, comme le concède Véronique Lamy).

 

Il n’est pas exclu que cette cire provienne tout simplement du processus de fabrication du bijou (comme il est tout aussi possible que sa présence n’ait aucun rapport avec celui-ci) : « il est toutefois envisageable d’imaginer que les deux éléments en feuilles d’or embouti (nous sommes dans la technique du repoussé) qui constituent chaque demi-sphère, aient été réunis ensuite sur des moulages de cire durcie, afin de faciliter l’assemblage[38]. Lors de la soudure, la cire fond et s’échappe par un orifice prévu à cet effet. ». Cette cire reste donc, pour l’instant, un point d’interrogation. 

 

« Dans l’Antiquité, la soudure était, la plupart du temps, réalisée à l’alliage ou aux sels de cuivre. La première (appelée brasure) est souvent reconnaissable à ses joints épais et débordants (il s’agit avant tout d’un apport métallique extérieur, un alliage proche de celui constituant le bijou mais dont la température de fusion est, bien entendu, plus basse). La soudure aux sels de cuivre permet de produire des joints particulièrement fins, qui peuvent être invisibles à l’œil nu, du simple fait qu’il n’y a pas apport de matière. Cette méthode (sans brasure donc) est privilégiée notamment pour la délicate fixation des granules[39]. L’artisan emploie souvent une simple lampe à huile, et une pipette (chalumeau à bouche) pour diriger son souffle sur la flamme et ainsi en contrôler la température[40] » (cf. également l’expérience du Dr. Romain Prévalet, historien et transmetteur des savoir-faire[41]).

 

Technique de soudure antique à l'aide d'un chalumeau à bouche, © Romain Prévalet


Pour en revenir aux hémisphères, « il faut également préciser que ce type d’élément creux a, de façon régulière mais non systématique, été rempli de matières inertes et de natures diverses, comme le soufre notamment[42]. Il était question bien entendu de renforcer ces structures légères en feuilles d’or, et de leur donner une certaine résistance aux chocs et autres accidents. Il s’agissait également d’augmenter leur poids sans accroitre leur coût de fabrication[43] ».

 

La production de ces bracelets semble assez abondante (une trentaine d’exemplaires[44] ont été recensés) : outre ceux de la maison de Vénus en « bikini » à Pompéi (musée archéologique national de Naples) et du musée de Mariemont (provenance : villa de Fondo Bottaro à Torre Annunziata[45]), il faut citer une paire de bracelets trouvée dans le tumulus Kocakizlar à Eskisehir en Turquie et le fait qu’il existe également un bracelet double de provenance inconnue dans une collection privée[46].

 

Notons également combien le design de ce bijou est moderne, au point qu’il figure toujours, comme d’ailleurs la catena, parmi les parures les plus populaires vendues dans le monde.

 

Le port du bijou est attesté sur une fresque d’Herculanum d’un « Maître hellénique » intitulée « Célébration d’un aulète vainqueur[47] » (fresque n° 9021 conservée au Musée archéologique national de Naples) : au premier plan, la femme assise, la tête entourée de lierre, qui tient un volumen inscrit (partition avec probablement uniquement les paroles[48]) dans sa main gauche et semble donner, de la droite, le rythme aux deux joueurs qui sont à côté d’elle[49], porte au poignet un tel bracelet et un autre plus haut que le coude, mais masqué par un pan de vêtement.


A gauche la fresque n° 9021 © MANN (avec l'autorisation du Ministero della Cultura– Museo archeologico Nazionale di Napoli – photo de Luigi Spina) ; à droite, zoom sur
le bijou (photo redimensionnée issue de Commons Wikimedia[50] (ArchaiOptix
– Travail personnel)

Le long collier (catena) en or tressé (SAP 78943)


Peu de chaînes de corps sont parvenues jusqu’à nous, d’où le grand intérêt de cette découverte.


Il s’agit d’un long collier (d’1,80 m de longueur en or tressé selon la technique « loop-in-loop[51] » (« boucle dans boucle ») qui se termine à un bout par un crochet et à l’autre par un fermoir en forme de roue ou de rosace.

 

Cette technique « loop-in-loop » très courante dans la bijouterie hellénistique et romaine est magistralement expliquée dans l’article « Les ors hellénistiques et romains de Mariemont II. Matériaux, techniques et savoir-faire des orfèvres antiques » (In: Les cahiers de Mariemont, volume 40, 2016. Trésors hellénistiques. p. 142) : « La réalisation des chaînes à partir d’anneaux engagés les uns dans les autres est attestée au cours de toute l’Antiquité. (…). Les maillons, d’environ 1,5 à 2 mm de long, sont construits à partir d’un fil d’or (de type creux tordu) de 0,3 à 0,4 mm de diamètre, dont les extrémités sont soudées pour former un anneau ovale. Les maillons sont ensuite pliés en deux et successivement enfilés les uns dans les autres par la boucle ainsi formée. Aucune soudure n’est nécessaire pour l’enfilage des maillons en chaîne carrée simple. À partir de cette chaîne de base, des colliers beaucoup plus complexes peuvent être élaborés par la juxtaposition de plusieurs chaînes simples ou doubles et offrent alors l’aspect somptueux d’un large ruban d’or tressé. ».

 

Schéma de chaîne carrée simple, d’après T. Hackens et R. Winkes, Gold jewelry, Louvain-La-Neuve, 1983, p. 206, fig. 50 (dessin de Madame Marie Moreau) in: Les cahiers de Mariemont, volume 40, 2016. Trésors hellénistiques, page 142 © Musée royal de Mariemont.

 

Ce bijou était placé en bandoulière au-dessus du vêtement : la chaîne en or (catena[52]) était portée serrée à la taille et croisée sur le buste et sur les épaules. Elle permettait de mettre la silhouette féminine en valeur.

 

Parfois, à ces chaînes étaient suspendus toutes sortes de petits objets, colifichets, simples jouets ou amulettes qui étaient censés assurer une protection contre le mauvais sort.

 

On observait déjà ce type d’ornement sur les figures féminines allongées sur le couvercle des urnes funéraires (cistes) étrusques dont on a un exemple ci-dessous avec la « femme au miroir[53] » du musée du Louvre, mais également sur des déesses figurant sur des miroirs (comme c’est le cas pour Eris sur la pièce B. 206 du musée de Mariemont)Une rosace servait déjà de fermoir (clusura). 

  

A gauche, « Femme au miroir » d’une urne étrusque de Volterra (musée du Louvre, fichier sous Creative Commons license Attribution 3.0 Unported – Auteur : Kikuyu3 (source : travail personnel) ; à droite, miroir étrusque du musée royal de Mariemont , n° inv. B 206 fin du IVe siècle av. J.-C. (Dessin tiré de la publication de R. LAMBRECHTS, CSE, Belg. I, Rome, 1987, pl. 25 d.)

La catena continuera à être très populaire, puisque l’on rencontre encore ce genre de parure à l’époque tardive[54] (au IVe ou Ve siècle après J.-C.) et aux confins de l’Empire (en Grande-Bretagne où une catena est présente dans le trésor de Hoxne[55], dans un modèle certes différent[56], mais le principe reste toujours le même).

 

 Chaîne de corps en or du trésor de Hoxne (fichier sous Creative Commons license Attribution 3.0 Unported – Auteur : JMiall (source : travail personnel)).

 

La rosace était également parfois investie d’une fonction pratique dans certains types de catenae : ainsi, dans le type I, elle était mobile, nous dit Héron de Villefosse, et servait à ajuster (élever ou abaisser) le point de jonction des chaînes au niveau de la poitrine, alors que la seconde rosace dans le dos était fixe[57]. Dans le cas du collier SAP 78943, la chaîne est simple et elle se termine à l’une extrémité par une roue à six rayons et, à l’autre, par un crochet.

 

Il est clair que beaucoup de bijoux sont des « symboles portables ». Quant à savoir si cette rosace est en outre pourvue d’une valeur symbolique (la roue de la Fortune – équivalent romain de la Tyché grecque – ou Rota Fortunae en latin), son analyse mériterait un article à lui tout seul, vu les développements qu’il impliquerait, mais aussi toutes les mesures de prudence dont il faudrait s’entourer. La chaîne elle-même pourrait être vue de manière très ambivalente : soit, puisqu’elle enveloppe le corps, comme un élément protecteur, à l’instar de la lunule[58] aux pointes convergentes qui y est accrochée en pendentif, soit comme une entrave, un symbole de contention, une privation de liberté. Or, l’interprétation des formes et des symboles des bijoux est une matière extrêmement délicate et l’affaire d’experts sérieux et tout à fait spécifiques : historiens versés dans ce domaine, archéologues spécialisés, philologues, spécialistes des textes et inscriptions, etc. J’ai donc estimé que cet aspect ne trouvait pas sa place dans cet exposé qui se veut généraliste.

 

Pline mentionne ces chaînes (catenae) au Livre XXXIII, 12, 2 de son Histoire naturelle lorsqu’il évoque la mode de porter de l’or sur soi (« Que les femmes portent de l’or au bras (…) que des chaînes d'or courent autour de leur corsage »). Le Digeste[59] (Livre XXXIV, titre II, 31) fait également allusion à une parure de gorge (« Le même jurisconsulte a décidé la même chose dans cette autre espèce, où une femme avait légué une parure de gorge composée de trente-quatre pierres et de trente-quatre perles, et qui ensuite en avait ôté quatre pierres et six perles. »).

 

Ces textes s’éclairent mieux lorsque l’on regarde les peintures ou les sculptures représentant des femmes ou des déesses au cou desquelles est suspendue une chaîne véritable ou un long cordon de perles, de pierres ou de pendeloques, tantôt simple et passé en bandoulière (fresque d’Ariane emportée dans les airs par Bacchus[60]), tantôt double, se croisant entre les seins et circulant autour du corps (fresque de Mars et Vénus[61], inv. n° 9248). Les deux pièces se trouvent au Musée archéologique national de Naples. 

 

  

(Projet Gutenberg Licence incluse)             (Œuvre dans le domaine public : source Wikipedia)

 

(Œuvre dans le domaine public : source Wikipédia)

 

Ce sautoir qui se croise entre les seins et passe derrière les reins est un très ancien attribut de Vénus (connu depuis le IVe siècle av. J.-C.), mais était aussi celui des femmes de mœurs légères, les courtisanes.

 

A Pompéi, on peut citer l’exemple de la fresque de Mars et Vénus de la maison de l’Ephèbe où Vénus porte un collier semblable qui serpente telle une rivière dans l’entre-deux-seins et le long des courbes de son corps. A la différence de la fresque précédente de Mars et Vénus, Mars a toujours ses armes sur lui. Dans la fresque de la maison de Salluste à Pompéi (MANN), on voit la déesse enlever ou mettre un collier.

 

A gauche, fresque de Mars et Vénus de la maison de l’Ephèbe (source : site « Romanoimpero[62] » – Hyperlien : https://www.romanoimpero.com/2020/02/villa-dellefebo-pompei.html) ; à droite, fresque de Mars et Vénus de la maison de Salluste  (photo dans le domaine public – auteur : Wolfgang Rieger – source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pompeii_-_Casa_de_Sallustio_-_Mars_and_Venus_-_MAN.jpg)

 

La fresque, très endommagée, de la maison du Bicentenaire à Herculanum, présente apparemment « exactement » le même schéma que celui de la fresque de Mars et Vénus conservée au MANN, à cette différence près que la figure de Vénus semble dépourvue de la catena que porte celle de la peinture de Pompéi. La fresque d’Herculanum étant très détériorée, il m’est impossible, dans l’état actuel des choses, de pouvoir affirmer qu’elle en possédait une à l’origine.

 

Ajoutons que la représentation de la catena ne s’est pas limitée à la fresque, mais s’est également infiltrée dans l’art sœur de la peinture, la mosaïque, comme en témoigne une œuvre de Sabratha, figurant les trois Grâces et montrant, détail intéressant, l’arrangement de cette chaîne sur le dos d’une des Grâces. Remarquons aussi que l’œuvre a été découverte, de nouveau (cf. le trésor de Hoxne), aux confins de l’Empire romain (Sabratha est une ville de Tripolitaine, sur les rivages de l’actuelle Libye). On comprend donc mieux le succès de ce bijou en constatant sa dispersion dans le bassin méditerranéen et bien au-delà et sa persistance dans le temps (après la chute de l’Empire d’Occident, Byzance reprend le flambeau).

 

Photo issue du site « Via Temporis » (avec l’aimable autorisation de M. Philippe Ferrando, Président de la SAS Via Temporis – source : https://viatemporis.net/ROMAN-MOSAIC-MOSAIC-OF-THE-THREE-GRACE)

 

En fait, ce motif foisonne depuis au moins l’Antiquité grecque dans tous les arts, de la céramique (sur une figure féminine d’un askos du British Museum[63], ou sur une ménade d’un cratère en calice étrusque de l’Altes Museum de Berlin), à la sculpture (sur l’Aphrodite de Cnide du musée archéologique de Canakkale, Troie (Ilion), en Turquie actuelle ou la Victoire – Niké – d’Oplontis[64]) en passant par la mosaïque, la peinture et la sculpture sur bronze. Beaucoup de déesses – et pas seulement Aphrodite – ont fait siennes cette parure de chaîne de corps : même la vertueuse Athéna Alkidemos[65] arbore son gorgoneion attaché avec une catena.

 



   A gauche, l'Aphrodite de Cnide du musée archéologique de Canakkale (© Graine de Stambouliote) ; à droite, une terre cuite de l’Athéna Alkidemos du musée archéologique de Pella (Licence : Attribution-NonCommercial-ShareAlike 1.0 International – site Livius.org).

 

Virginie Girod, dans son article « L’érotisme discret du sein dans les représentations artistiques sous le Haut-Empire[66] », fait à juste titre remarquer que « la poitrine, dès lors qu’elle peut être perçue comme un attribut sexuel, pouvait être parée dans le but de l’érotiser davantage » et cite deux exemples explicites où ce long collier est porté comme attribut destiné à rehausser le caractère sexuel du corps et des seins de la femme : la scène représentée sur le casier IV de l’apodyterium des thermes suburbains de Pompéi[67] et celle figurant sur le couvercle d’un miroir à main trouvé sur l’Esquilin (antiquarium communale de Rome, inv. 13694)[68]. Cette fonction érotique des bijoux est illustrée par le texte les Bijoux de Charles Baudelaire : le poète y fait la description d’une femme nue, parée de ses seuls bijoux « sonores », et s'offrant à l'amour du narrateur, ravi « en extase [par] ce monde rayonnant de métal et de pierre[69] ».

 

 

(Œuvres dans le domaine public : source Wikipédia, John R. Clarke, Ars Erotica. Darmstadt, Primus Verlag 2009)

 

Citons aussi Paul Veyne qui, dans son ouvrage Sexe et pouvoir à Rome remet les points sur les « i », en ce sens que l’on imagine toujours – parce qu’on en fait une lecture extrêmement superficielle – le sexe à Rome de manière décadente, débridée, orgiaque (ne dit-on pas d’ailleurs : « une orgie romaine », alors qu’il s’agit « d’une construction moderne[70] » !). C’est en fait un fantasme du XIXe siècle (cf. le tableau de Thomas Couture, Les Romains de la décadence, peint en 1847 et conservé au Musée d’Orsay). Il faut avouer que le film de Fellini en a rajouté une couche (magistrale et très extravertie).

 

Paul Veyne nous en restitue le vrai visage et circonscrit très exactement sa place dans une société truffée de tabous, comme aujourd’hui.

 

Revenons-en à Vénus et à cette disposition de la catena en X[71] sur la poitrine. Osons une pure conjecture, mais qui vaut son pesant d’or (si je puis me permettre ce jeu de mots) : serait-elle une allusion cachée à d’autres catenae ? Celles que Vulcain a lui-même forgées pour piéger les deux amants « sous la couette[72] » ?


Comme le montre cette terre cuite du IVe siècle av. J.-C. (Ares et Aphrodite Inv. Nr. 2.661) trouvée à Alexandrie du Stoccarda, Württembergisches Landesmus, collezione Sieglin[73], les chaînes qui maintiennent la volage et sculpturale Aphrodite (et son fougueux amant), se croisent également pour former un X.

 

© Landesmuseum Württemberg, P. Frankenstein / H. Zwietasch

 

Bibliographie (afin de ne pas alourdir inutilement le nombre de pages de cet article, la bibliographie « papier » est incorporée dans le texte)

·     Antiquités d’Herculanum, gravées par Tommaso Piroli et publiées par Francesco et Pietro     Piranesi – Hyperlien : https://www.gutenberg.org/files/17233/17233-h/17233-h.htm).

·     APULEE, L’Ane d’or, (Hyperlien : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Apul/meta0.html).

·    Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal, Garnier Flammarion, 1964.

·     Nicole BLANC et Françoise GURY, dans le Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae (LIMC) III, 1-2, Zurich - Munich, 1986, p. 952 – 1049 (sub verbo « Eros/Amor, Cupido »).

·     Maxime CALLEWAERT, Véronique LAMY, César DUMORA, François MATHIS, David, STRIVAY, Helena CAVO DEL CASTILLO, Cyril THIAUDIERE, Corinne BESSON et Annie VERBANCK-PIERARD, « Les ors hellénistiques et romains de Mariemont II. Matériaux, techniques et savoir-faire des orfèvres antiques », In: Les cahiers de Mariemont, volume 40, 2016. Trésors hellénistiques – Hyperlien : https://www.persee.fr/doc/camar_0776-1317_2016_num_40_1_1336.

·     Jean CHARBONNEAUX, Roland MARTIN, François VILLARD, Grèce hellénistique (330-50 av. J.-C.), Gallimard, 1970.

·   John R. CLARKE, Ars Erotica. Sexualität und ihre Bilder im antiken Rom, Darmstadt, Primus Verlag, 2009.

·       Felice COSTABILE, « Ancilla Domni : una nuova dedica su armilla aurea da Pompei » In: Minima epigraphica et papyrologica : IV, 6, L’Erma di Bretschneider, 2001.

·     Antonio D'AMBROSIO, Ernesto DE CAROLIS, I monili dall'area vesuviana, Roma 1997.

·     Antonio D’AMBROSIO, La bellezza femminile a Pompei, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2001.

·       Da Pompei a Roma, Histoires d’une éruption, Europalia Italia, 2004.

·       Véronique DASEN, « Les amulettes d’enfants dans le monde gréco-romain », Latomus, T. 62, Fasc. 2 (Avril-Juin 2003), pp. 275-289, Société d’Etudes Latines de Bruxelles.

·       Ernesto DE CAROLIS, Dei ed eroi nella pittura romana, L’Erma di Bretschneider, 2000.

·       Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio.

·       Éva DUBOIS PELERIN, Le luxe privé à Rome et en Italie au Ier siècle après J.-C., 2008.

·       Virginie GIROD, « L’érotisme discret du sein dans les représentations artistiques sous le Haut-Empire, In Histoire de l’art, année 2010, 66 – Hyperlien : https://www.persee.fr/doc/hista_0992-2059_2010_num_66_1_3312.

·       Virginie GIROD, Les femmes et le sexe dans la Rome antique, Tallandier, 2013.

·       Pier-Giovanni GUZZO et Vincenzo SCARANO USSANI, « La Schiava di Moregine », Mélanges de l’Ecole française de Rome, année 2001, 113-2, pp. 981-997. 

·       HERON DE VILLEFOSSE, Le trésor de Boscoreale, Paris, 1899.

·       Véronique LAMY, « L’orfèvrerie romaine à Mariemont. De auris Pompeianis », In : Les cahiers de Mariemont, volume 22, 1991 – Hyperlien : https://www.persee.fr/doc/camar_0776-1317_1991_num_22_1_1082. 

·    L’Egypte à Rome (atti della conferenza di Caen del 28-30 settembre 2002), Les Cahiers de la MSRH, n° 41, gennaio 2005.

·       Les collections du Musée national de Naples, par les Archives photographiques Pedicini.

·       OVIDE, Les Métamorphoses, Garnier Flammarion, 1966.

·       L. Pirzio Biroli STEFANELLI, L'oro dei Romani.  Gioelli di età imperiale, L'Erma di Bretschneider, Roma, 1992.

·       F. POLETTI, Realtà e mito sui muri di Pompei in Minuti Menarini, n. 341, Juillet 2009.

· PLINE l'Ancien, Histoire naturelle, traduction Remacle (en ligne : http://remacle.org/bloodwolf/erudits/plineancien/index.htm).

 ·  PLINE le Jeune, Lettres suivies du Panégyrique de Trajan, Flammarion, Les Meilleurs auteurs classiques français et étrangers, 1933.

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·       Francesco SIRANO, Splendori. Il lusso negli ornamenti a Ercolano, Arte’m, Naples, 2019.

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·       Paul VEYNE, Sexe et pouvoir à Rome, Tallandier, 2016.

 ·       https://www.youtube.com/watch?v=o66WfTmdeRE (splendOri).

 ·       https://youtu.be/EPa32Gbzm3o (« Ercole a Herculaneum »).



[1] La dernière éruption datant de l’âge du bronze.

[2] On qualifie d’ailleurs de plinien le jet éruptif qui monte jusqu’à quelques dizaines de kilomètres dans la haute atmosphère et s’étale en parapluie, d’où sédimentent des pierres ponces et les cendres en pluie.

[3] Le motif du serpent constitue un talisman apotropaïque lié à la déesse Isis, qualifiée de « reine du ciel » par Apulée dans ses Métamorphoses (livre XI). Son culte avait été apporté à Rome où il avait été accueilli avec beaucoup d'enthousiasme par la gent féminine (Isis personnifiait la fertilité), mais aussi par les marins (elle était également une divinité de la mer et du bon voyage, comme le saint Christophe des automobilistes d’aujourd’hui : cf. la fête du Navigium Isidis). Après la mort de Cléopâtre, ce culte à mystères fut aboli par Auguste qui y voyait un symbole de corruption. Mais au Ier siècle après J.-C., le culte isiaque fut remis à l’honneur. Le grand temple d'Isis et de Sérapis installé à proximité du Champ de Mars à Rome a disparu, mais l'un des temples d'Isis les mieux préservés se trouve précisément en région vésuvienne, à Pompéi (les peintures sont conservées au MANN). Voir également L’Egypte à Rome (actes du colloque de Caen des 28-30 septembre 2002), Les Cahiers de la MSRH, n° 41, janvier 2005. Le serpent est également l’attribut d’Esculape (cf. les vestiges sculpturaux sur l’île tibérine à Rome).

[4] « Les images insérées dans les messages ne sont pas la propriété du site, mais sont publiées, sous une forme non originale, à des fins éducatives et informatives uniquement, conformément au paragraphe 1-bis de l'article 70 de la loi n. 633 du 22 avril 1941, « Protection du droit d'auteur et autres droits liés à son exercice ». Dans le même temps, toute personne souhaitant utiliser du matériel sur « Romanoimpero » peut le faire en citant la source et l'adresse. De plus, les textes et les images sont attribués aux auteurs respectifs où ils sont reconnaissables, mais si leur publication viole le droit d'auteur, veuillez le communiquer et nous supprimerons ou citerons leurs créateurs. » (source : https://www.romanoimpero.com/2015/03/info.html).

[5] Comme l’énonçait le slogan de l’exposition itinérante de 2011 aux Etats-Unis sur Pompéi (A day in Pompeii », « ce que la nature a détruit, elle l’a aussi préservé ».

[6] La Casa della Gemma, dans le quartier connu sous le nom d'Insula Orientalis 1 (elle a fait l’objet récemment (2020 – 2022) d’importants travaux de restauration).

[7] Pierre fine gravée en creux. Il y avait en fait deux techniques utilisées dans l’art de la glyptique (littéralement « objet gravé », c’est-à-dire l'art de la gravure des pierres fines) qui consistaient à graver les pierres soit en creux (intailles), soit en relief (camées)).

[8] L’étymologie de la cornaline vient du latin corneus, « corné » (une des deux références proposées est le fruit du cornouiller sanguin mâle, la cornouille – cornealus – au noyau dur comme la corne. Cette pierre précieuse est une variété rouge de calcédoine. Elle a longtemps été utilisée en Egypte ancienne (en association avec le lapis-lazuli ou la turquoise) en raison de la valeur symbolique de sa couleur (du soleil levant et couchant). Les Romains aimaient les pierres extrêmement colorées et la cornaline en particulier formait avec l’or des taches de couleur très agréables à l’œil.

[9] Pierre fine (agate, améthyste, onyx) gravée en relief pour mettre en valeur ses différentes couches diversement colorées.

[10] Da Pompei a Roma, Histoires d’une éruption, Europalia Italia, 2004, page 59.

[11] Notons que les perles étaient très rares dans l’Antiquité : il n’y en avait pas dans le bassin méditerranéen et elles devaient être importées de zones bien plus éloignées. Dans son Histoire naturelle (IX, 54), Pline l’Ancien indique les lieux où l’on pêchait les perles de son temps (spécialement dans l’océan Indien) et ceux d’où venaient les plus prisées (de la côte d’Arabie, sur le Golfe persique). A cette occasion, il parle des deux fameuses perles de Cléopâtre (qui lui servaient de boucles d’oreilles) estimées alors à dix millions de sesterces. A l’en croire, lors d’un pari avec Antoine, la reine d’Egypte en aurait fait dissoudre une dans du vinaigre avant de l’avaler. Pline (Histoire naturelle, Livre IX, 55) mentionne, sur un ton badin et avec une pointe de misogynie également (la société romaine était une société patriarcale et patrilinéaire stricte) : « Les femmes mettent leur gloire à en charger leurs doigts, et à en suspendre deux et trois à leurs oreilles. Il y a pour cet objet de luxe des noms et des raffinements inventés par une excessive corruption. Une boucle d'oreille qui porte deux ou trois perles s'appelle grelot, comme si les femmes se plaisaient au bruit et au choc de ces perles. Déjà les moins riches affectent ces joyaux ; elles disent qu'une perle est en public le licteur d'une femme. Bien plus, elles en portent à leurs pieds ; elles en ornent non seulement les cordons de leur chaussure, mais encore leur chaussure tout entière ; ce n'est plus assez de porter des perles, il faut les fouler et marcher dessus. ».

[12] Du latin splendere, « briller (d’un vif éclat) » qui a donné exactement le même mot en italien.

[13] L’essentiel de ce que nous savons de l’origine de l’ambre (issue de la fossilisation – et donc d’une solidification – d’une oléorésine sécrétée par des conifères il y a plusieurs dizaines de millions d’années) chez les Romains nous vient de Pline l’Ancien, Histoire Naturelle XXXVII.42-46. Très peu de choses nous sont rapportées par Tacite, dans son Germania (Livre XLV, 4-5) : « C'est notre luxe qui a fait la réputation de cette matière. Les gens du pays [les Estiens, peuple germain vivant près de la Baltique et dans les États baltes actuels] n'en font aucun usage. Ils la recueillent brute, nous la remettent informe et s'étonnent du prix qu'on leur en donne ». Pline écrit que Néron envoya une expédition jusqu’aux côtes de la Germania (cette résine fossile étant rarissime en Méditerranée) pour acheter beaucoup d’ambre : il raconte comment, à la fin du règne de Néron, vers 65-68, un chevalier romain a été envoyé en Pologne actuelle à la recherche d'ambre pour orner l'amphithéâtre lors de jeux du cirque, un décor qui était renouvelé tous les jours ! Pline nous donne tous les détails de l’itinéraire de cette expédition, partie de Carnuntum (pas très loin de Vienne) et qui parcourut 900 km pour arriver jusqu'aux rivages de la Baltique. De même qu’il y avait une « route de la soie », il existait aussi une « route de l’ambre » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Route_de_l%27ambre), l’une des plus importantes voies de commerce de l’Antiquité classique (elle remonte à l’âge du bronze). C’est à Pline que l’on doit le nom de cette route qui reliait la mer Baltique à la mer Méditerranée, en suivant le cours de la Vistule, de l’Elbe et du Danube (voir la table de Peutinger). Pour plus de détails à ce sujet, consulter l’excellent ouvrage d’Attilio Mastrocinque, L’ambra e l’Eridano (Studi sulla letterature e sul commercio dell’ambra in età predomina), Este, éd. Zielo, 1991.

[14] Teintée en pourpre, elle valait son poids en or. Peu après la conquête de l’Egypte en 30 av. J.-C., se met en place un commerce régulier entre les Romains et l’Asie, marqué par l’insatiable appétit des Romains pour la soie qu’ils acquièrent par l’entremise des Parthes, avec lesquels ils étaient constamment en guerre pour le contrôle de la route caravanière longue de 11 000 kilomètres (!) reliant l’Orient lointain aux ports de la Méditerranée. Cet attrait fut à ce point important que le Sénat romain décida, en vain, de prohiber le port de la soie (du moins essaya-t-il, par un décret, d’en limiter le port aux femmes) autant pour des raisons économiques que morales : l’importation de la soie chinoise provoquait d’importantes sorties d’or vers l’étranger, tandis que les vêtements en soie étaient perçus comme un signe de décadence et d’immoralité. Les Romains la croyaient d’origine végétale (Pline, Histoire Naturelle, VI, 20 et Virgile, Les Géorgiques, II, v. 120-121), mais ils savaient qu’elle venait du pays des Sères (les « soyeux ») : la Sérique (le nom dérive du vocable chinois si désignant la soie). Toutefois, à cause d’une part des Parthes (qui exerçaient des pressions de plus en plus fortes sur le commerce caravanier et alourdissaient de commissions exorbitantes le prix des marchandises), et d’autre part, des Huns (qui faisaient régner l’insécurité tout au long de son parcours), la voie caravanière devint impraticable et il fallut chercher d’autres passages. Le commerce entre les Romains et les Chinois va connaître un essor important lorsque les navigateurs européens vont apprendre à utiliser les courants et les vents de la mousson (dont le phénomène a été découvert par le marin grec Hippalos). La possibilité leur est alors offerte de traverser l’océan Indien et de parvenir au sud de l’Inde en dissociant temporellement l’aller et le retour : des navires marchands romains prenaient la mer en été pour l’Inde en utilisant le vent de sud-ouest de l’océan Indien et quittaient l’Inde en hiver en s’appuyant sur les vents contraires pour regagner leur port d’attache (en évitant les côtes d’Arabie infestées de pirates et les typhons de l’océan Indien). Un manuel rédigé en grec à l’usage des navigateurs décrit cette nouvelle voie vers l’Orient : le Périple de la mer Erythrée (dénomination grecque antique de la mer Rouge). Les Romains disposaient de navires tout à fait aptes à la navigation en haute mer et étaient donc en mesure de faire voile en direction de l’Inde ou de l’Orient. Ces routes commerciales prospères vont toutefois péricliter à la fin de l’empire romain. Pour plus de détails, voir notamment De Rome à la Chine. Sur la route de la soie au temps des Césars de Jean-Noël Robert (Les Belles Lettres, 1993) et le documentaire franco-japonais réalisé par Patrick Cabouat intitulé « Des Romains au cœur de la Chine » (2004).

[15] Des fouilles étaient encore en cours sur ce rivage en 2021 (année où l’on a retrouvé le sac à dos d’un officier de la marine impériale, sans doute un soldat de la flotte de secours Pline), mais le Dr. Francesco Sirano, le Directeur du Parc archéologique d'Herculanum, a assuré, qu’en « 2023, la plage sera rendue aux visiteurs, avec un repavage mais, surtout, avec l'ancien sable volcanique noir qui caractérisait ses rives, déjà réapparu lors des campagnes de fouilles des années 80, avec Giuseppe Maggi » (source : https://www.romanoimpero.com/2018/11/tesoro-di-pompei.html).

[16]  « Les images insérées dans les messages ne sont pas la propriété du site, mais sont publiées, sous une forme non originale, à des fins éducatives et informatives uniquement, conformément au paragraphe 1-bis de l'article 70 de la loi n. 633 du 22 avril 1941, « Protection du droit d'auteur et autres droits liés à son exercice ». Dans le même temps, toute personne souhaitant utiliser du matériel sur « Romanoimpero » peut le faire en citant la source et l'adresse. De plus, les textes et les images sont attribués aux auteurs respectifs où ils sont reconnaissables, mais si leur publication viole le droit d'auteur, veuillez le communiquer et nous supprimerons ou citerons leurs créateurs. » (source : https://www.romanoimpero.com/2015/03/info.html).

[17] Da Pompei a Roma, Histoires d’une éruption, Europalia Italia, 2004, page 67.

[19] Plusieurs lois somptuaires (du latin sumptus signifiant « dépense », ces lois ayant pour objectif de limiter les dépenses des particuliers) ont été édictées notamment par César et Auguste, mais elles ne semblent guère avoir eu d'effet. En outre, elles portent assez rarement sur la parure, dont les bijoux, et on n'a aucune information, à la connaissance de Marianne Coudry, sur d'éventuelles dérogations. Dans le cadre de ses articles, Marianne Coudry de l’EFR a analysé le comportement économique des élites de la Rome républicaine vis-à-vis de ces lois somptuaires. Madame Coudry a en outre rédigé les notices de lois somptuaires qui sont consultables en ligne sur le site LEPOR (Leges Populi Romani), en cliquant sur « thèmes de lois » sur le bandeau noir de la page d'accueil (http://telma.irht.cnrs.fr/outils/lepor/categorieslois/). Enfin, elle a également écrit un article général, avec un tableau récapitulatif des lois, dont voici la référence : « Loi et société : la singularité des lois somptuaires de Rome », CGG, 15, 2004, p.135-171 (il est accessible en ligne sur le site Persée, les CCG sont les Cahiers du Centre Glotz – Hyperlien : https://www.persee.fr/doc/ccgg_1016-9008_2004_num_15_1_861). Voir aussi le site https://iletaitunefoislebijou.fr/2020/07/les-lois-somptuaires-contre-le-luxe-et-les-femmes/ qui explique pédagogiquement les trois objectifs de ces lois somptuaires (politique, pour soutenir l’effort de guerre via notamment le recyclage des métaux précieux en les convertissant en armement ou en monnaie ; rappel de l’ordre social ; fixation d’un ordre moral en détournant l’attention de la population sur le luxe afin de faire oublier tous les autres problèmes). Inutile de dire que ces lois visaient en premier lieu les femmes. L’article fait d’ailleurs allusion à la première manifestation féministe de l’histoire : pour célébrer l’abrogation de la Lex oppia, qui leur proscrivait le port de plus de 14 grammes d’or, ainsi que de vêtements pourprés), les femmes défilèrent dans les rues de Rome en arborant leurs bijoux les plus impressionnants et leurs vêtements les plus luxueux (Tite-Live, Histoire Romaine, Livre XXXIV – 34).

[20] « La forteresse d'Herculanum touche, on peut dire, à Neapolis : elle occupe un promontoire qui avance dans la mer de façon à recevoir en plein le souffle du Lips ou Africus et cette exposition admirable en rend le séjour particulièrement sain. ».

[21] Da Pompei a Roma, Histoires d’une éruption, Europalia Italia, page 68.

[22] On pouvait la porter sur des vêtements ou sans, « pour être plus « sexy » » comme le dit Virginie Girod (https://www.terrafemina.com/article/sexe-virginie-girod-brise-les-tabous-sur-la-sexualite-dans-la-rome-antique_a350792/1).

[23] Cf. les chaînes de corps de nos jours.

[24] Da Pompei a Roma, Histoires d’une éruption, Europalia Italia, page 69.

[26] Il s’agit d’un bracelet à corps de serpent en spirale. Cf. Da Pompei a Roma, Histoires d’une éruption, Europalia Italia, page 148.

[27] Ils portent chacun un petit Eros ailé dans leurs bras. Voir le site du Metropolitan Museum of Art (https://www.metmuseum.org/art/collection/search/254842).

[28] Festus Grammaticus (nom de naissance Sextus Pompeius Festus) est un grammairien latin de la fin du IIe siècle ap. J.-C. ayant peut-être vécu à Narbonne (Narbo) Il a composé, sous le titre de De Significatione Verborum, un dictionnaire précieux pour la connaissance des antiquités romaines, de la langue latine et de la mythologie

[29] Da Pompei a Roma, Histoires d’une éruption, Europalia Italia, page 182.

[30] Moregine se situe au sud de Pompéi, près du port de cette dernière. En construisant une autoroute, on a découvert un complexe architectural comprenant un ensemble de bains, de salles à manger avec, au-dessus, des chambres (une sorte de club-house). Les différents bâtiments ont livré un grand nombre de corps de fugitifs. Ils espéraient peut-être s’échapper en empruntant le fleuve Sarno qui a aujourd’hui disparu et qui passait à 600 mètres des murs de la ville (voir le site https://sites.google.com/site/ad79eruption/neighbouring-area/murecine)..

[31] Cf. Felice Costabile, « Ancilla Domni : una nuova dedica su armilla aurea da Pompei » In: Minima epigraphica et papyrologica : IV, 6, 2001, ainsi que Pier-Giovanni Guzzo et Vincenzo Scarano Ussani, « La Schiava di Moregine », Mélanges de l’Ecole française de Rome, année 2001, 113-2, pp. 981-997.

[32] A comparer avec le collier d’esclave découvert dans les Thermes de Dioclétien à Rome (voir le site https://la-sylve-de-louvemeraude.fr/fr/produits/divers-materiel-d-animation/collier-d-esclave-romain).

[33] Filigrane vient de l’italien fili (« fils »), et grana (« graine »), littéralement donc « fil à grains », parce que les filets de filigranes étaient ornés de grains. Cette technique présente la caractéristique de ne mettre en œuvre que du métal pur, de l’or et de l’argent spécifiquement, en raison de la faible température de fusion et de l’élasticité de ces deux métaux (lorsqu’on les chauffe, un seul gramme permet d’obtenir plusieurs mètres de fil très fin).

[34] Ce qui donne à la clavette de l’exemplaire de Mariemont l’apparence d’une houlette, ce qui n’est pas le cas sur le bracelet d’Herculanum.

[35] Véronique Lamy, L’orfèvrerie romaine à Mariemont. De auris Pompeianis, In : Les cahiers de Mariemont, volume 22, 1991, page 28.

[36] Citons en particulier les bijoux creux comme la bulla analysées par Véronique Dasen, Professeure à l’université de Fribourg (CH), dans son article « Les amulettes d’enfants dans le monde gréco-romain », Latomus, T. 62, Fasc. 2 (Avril-Juin 2003), pp. 275-289, Société d’Etudes Latines de Bruxelles. Elle nous en livre notamment l’origine étymologique : « Les Anciens appelaient bulla ce pendentif creux, fait de deux disques convexes de métal, à cause de sa forme « gonflée comme une bulle d'eau » (Isidore, Origines XIX, 31, 11 ; XX, 8, 2). ».

[37] L’exemplaire du National Museum of Scotland contient quant à lui des cendres, un témoignage de la catastrophe (https://www.nms.ac.uk/explore-our-collections/collection-search-results/bracelet/411464). Mais un bracelet issu d’une collection privée mis en vente chez Christie’s présente des restes de remplissage de soufre (https://www.christies.com/en/lot/lot-5882234). Quant à l’armille à hémisphères de la maison de Vénus au « bikini », elle conserve à l’intérieur de ses alvéoles une substance verdâtre supposée également être du soufre (Antonio d’Ambrosio, Ernesto de Carolis, I monili dall’area vesuviana, page 36).

[38] Pour avoir une meilleure prise sur l’objet.

[39] Même au XXIe siècle, la granulation étrusque reste encore une énigme : si l’on sait fabriquer, grâce aux techniques modernes, de si minuscules granules, les archéologues ignorent toujours comment des orfèvres ont pu parvenir à un tel degré de perfection il y a 2.700 ans.

[40] Ces renseignements m’ont été aimablement fournis par courriel par les experts en bijoux antiques, les Dr. Corinne Besson et Cyril Thiaudière que je remercie vivement ici.

[41] Je remercie le Dr. Romain Prévalet de m’avoir autorisé à utiliser la photographie ci-dessous.

[42] Pourquoi le soufre ? La question est difficile à résoudre :  il peut y avoir un intérêt géographique et économique, cette matière pouvant être relativement aisée à trouver et d'un prix modique, selon la localisation du site de production. Possède-t-il des qualités plastiques et physiques intéressantes ? Il faudrait une série d'analyses spécifiques pour déterminer les raisons de son utilisation.

[43] Ces indications m’ont également été communiquées par courriel par les experts en bijoux antiques, les Dr. Corinne Besson et Cyril Thiaudière.

[44] Véronique Lamy, L’orfèvrerie romaine à Mariemont. De auris Pompeianis, In : Les cahiers de Mariemont, volume 22, 1991, pages 28-29.

[45] Ibid., pages 24 à 27.

[46] Ibid., page 29.

[47] Jean Charbonneaux, Roland Martin, François Villard, Grèce hellénistique (330-50 av. J.-C.), Gallimard, 1970, (page 121, illustration n° 120) et Antiquités d’Herculanum, Tome III, planche XXX. En fait, on pourrait appeler cette scène un concert plaisant, ce que les Grecs appelaient un acroama. Le sujet est donc un concert ou la répétition d’un concert qui se fait dans le Choragium.

[49] Au centre, assis devant le spectateur, un aulète, les joues gonflées, le visage rougi et les yeux exorbités, joue de l’aulos double, la phorbeia attachée autour de la bouche. Avec son pied gauche, appuyé sur un repose-pied, il semble lui aussi marquer le rythme. A côté de lui, une jeune fille, debout, couronnée de roses, s'applique à jouer de la kithara, en pinçant les cordes de son instrument avec le plectre. Deux personnages couronnés de lierre se tiennent dans le fond de la pièce. Voir aussi l’article d’Annie Bélis, « La phorbéia », Bulletin de Correspondance Hellénique, année 1986, 110-1, pp. 205-218.

[51] Elle porte le nom de « queue de renard » dans la terminologie moderne utilisée en joaillerie.

[53] La dame tient un écrin quadrangulaire à miroir en bronze dont il ne subsiste à ce jour aucun exemplaire.

[54] L’Antiquité tardive est la période qu’on appelait jadis le Bas Empire.

[55] Hoxne se situe dans le Suffolk, un comté de l’est de l’Angleterre. Il s’agit du plus grand trésor d'argent et d'or romain tardif découvert (en 1992) en Grande-Bretagne.

[57] Héron de Villefosse, Le trésor de Boscoreale, Paris, 1899, 270.

[58] Littéralement « Petite lune » comme la tache claire que nous avons à la base de chaque ongle (plus prononcée sur celui du pouce). Ce nom de « lunule » vient de la déesse romaine de la lune, Luna  (Artémis chez les Grecs). Dans ses fondements, la religion romaine avait réservé une place importante à la lune, à ce point que même le calendrier, matière de religion, était régi par le cycle lunaire, jusqu’à ce qu’il soit aboli par Jules César. Ce dernier instaura à sa place le calendrier solaire – appelé julien – prôné par l’astronome grec Sosigène d’Alexandrie (encore en vigueur de nos jours, après la réforme grégorienne de 1582), dans lequel aucune correction n’était nécessaire. La religion romaine classique sera, quant à elle, foncièrement solaire. Le symbole de la lune reste cependant attaché à la protection féminine, essentiellement pour les fillettes (c’est l’équivalent de la bulla chez les garçons : sur l’Ara Pacis, une petite fille porte une lunule au cou) et les jeunes femmes non mariées (la lunule est souvent représentée sur les portraits féminins de momies du Fayoum ; on l’enlevait normalement du cou la veille du mariage). Le lien entre les phases de la lune et la menstruation féminine fait en sorte que la lune était également considérée comme une « étoile féminine ».

[59] Le Digeste ou les Pandectes est une œuvre juridique de l’empereur Justinien. On va, sur l’ordre de Justinien, réunir des extraits des principaux jurisconsultes. En anglais d’ailleurs, le mot « digest » existe toujours pour désigner des extraits de romans que l’on peut lire quand on est paresseux et destinés à inciter à aller un peu plus loin par la suite dans la lecture de l’œuvre (Cf. Reader’s digest imaginé en 1924 par De Witt Wallace).

[60] Antiquités d’Herculanum, gravées par Th. Piroli et publiées par F. et P. Piranesi, Tome III, planche XXII – Hyperlien : https://www.gutenberg.org/files/17233/17233-h/17233-h.htm).

[61] La fresque représente le couple d’amants divins par excellence. Mars, qui s’est débarrassé de son armure, défait le manteau bleu de Vénus pour admirer la déesse dans toute sa nudité, tandis que Vénus tient sa lance. Le seul « vêtement » de Vénus ne sera bientôt plus que cette chaîne en or (outre ses autres bijoux), ce qui en fait un protagoniste important du tableau. Deux amours jouent avec les armes de Mars (l’un ailé, Cupidon, leur propre fils ; l’autre, sans ailes, pouvant être identifié avec Métos ou Formido, également un de leur fils (équivalent romain du dieu grec Déimos). Botticelli reproduira, plusieurs siècles plus tard, le même schéma dans son tableau aujourd’hui à la National Gallery de Londres, mais en substituant des petits faunes aux Erotes). Là, la déesse de l’amour est chastement vêtue, mais sa silhouette est néanmoins soulignée par des bandes dorées sur son vêtement. Dans les deux cas, la façon dont Mars la soutient ou dont il est endormi (malgré le mugissement de la conque dans son oreille) et son manque de vêtements ou d’armure, mais aussi la manière dont Vénus tient la lance (comme un sceptre) et fixe un point précis sur la droite au lieu du regard amouraché de Mars, suggère à la fois la vulnérabilité et le pouvoir : qui est le vainqueur, qui est le vaincu ? Dans les deux cas, c’est l’Amour qui a supplanté la guerre. En déposant ses armes aux pieds de l’Amour (« sous la forme démultipliée des Amores » comme l’écrivent très bien Nicole Blanc et Françoise Gury : voir bibliographie), Mars a jeté sa virtus aux orties et atteste de sa soumission à la déesse : le pouvoir de séduction de Vénus a triomphé de la guerre, de la soif de sang et de la violence et les armes ne sont plus que des jouets dans les mains des enfants. Le message des deux œuvres, romaine et Renaissance, pourrait donc être le fameux slogan antiguerre des années 60 : « Faites l’amour pas la guerre ! » (sans faire abstraction du message néoplatonicien de l’œuvre de Botticelli, Vénus symbolisant Humanitas dont l’attitude calme et posée a un effet bénéfique et lénifiant sur la violence, les dissensions et les querelles). Et pourtant, notre dictionnaire français regorge d’expressions assimilant l’amour à la guerre : on dit « prendre une femme » comme l’« on prend une forteresse », des « assauts amoureux », « conquérir le cœur d’une femme », etc. et même les citations : « à la guerre, comme en amour, le corps à corps seulement donne des résultats » (Blaise de Montluc). Pour avoir une idée du contexte dans lequel la fresque a été découverte, voir le site https://www.pompeiiinpictures.com/pompeiiinpictures/R7/7%2009%2047%20p2.htm.

[62] « Les mages insérées dans les messages ne sont pas la propriété du site, mais sont publiées, sous une forme non originale, à des fins éducatives et informatives uniquement, conformément au paragraphe 1-bis de l'article 70 de la loi n. 633 du 22 avril 1941, « Protection du droit d'auteur et autres droits liés à son exercice ». Dans le même temps, toute personne souhaitant utiliser du matériel sur « Romanoimpero » peut le faire en citant la source et l'adresse. De plus, les textes et les images sont attribués aux auteurs respectifs où ils sont reconnaissables, mais si leur publication viole le droit d'auteur, veuillez le communiquer et nous supprimerons ou citerons leurs créateurs. » (source : https://www.romanoimpero.com/2015/03/info.html).

[64] Voir le site « Leisure and luxury in the age of Nero. The villas of Oplontis near Pompei » : https://exhibitions.kelsey.lsa.umich.edu/oplontis-leisure-and-luxury/sculpture.php.

[65] Pièce conservée au musée archéologique de Pella. Alkidemos est une épithète divine signifiant « défenseuse du peuple » (on retrouve la racine grecque demos, « peuple », comme dans notre mot « démocratie »).

[66] In Histoire de l’art, année 2010, 66 – Hyperlien : https://www.persee.fr/doc/hista_0992-2059_2010_num_66_1_3312.

[67] Voir L. Jacobelli, Le pitture erotiche delle terme suburbane di Pompei di Pompei, Rome, L’Erma di Bretschneider, 1995, page 45.

[68] Voir John R. Clarke, Ars Erotica. Sexualität und ihre Bilder im antiken Rom, Darmstadt, Primus Verlag, 2009.

[69] Les Fleurs du mal, GF, page 166. Le poème a été mis en musique par Léo Ferré dans son album Léo Ferré chante Baudelaire, chanson reprise par Yves Montand.

[70] L’orgie n’a rien à voir avec une « grande bouffe » et n’est pas non plus de nature sexuelle, mais est relative à la religion ! (cf. l’article « Le mythe de l’orgie romaine » de Dimitri Tilloi sur le site Arkhe (https://www.arkhe-editions.com/magazine/le-mythe-de-lorgie-romaine/).

[71] Cette disposition n’est pas anodine : le X formé par le sautoir était l’hypostase de la planète Vénus (voir la note 50 de l’article de Virginie Girod, « L’érotisme discret du sein dans les représentations artistiques sous le Haut-Empire »).

[72] Il fabriqua de très fines chaînes de bronze et en fit un filet qu’on ne pouvait ni délier ni rompre et fixa aux supports du lit. Il fit ensuite semblant de partir pour Lemnos et les deux amants tombèrent dans la ruse de Vulcain, incapables de se relever. Vulcain entra alors, accompagné des dieux de l’Olympe et se moquèrent des dieux pris en flagrant délit d’adultère. Ridiculisés, Mars partit se cacher en Thrace et Vénus et Aphrodite à Paphos où les Charites l’accueillirent. La forme la plus ancienne de cette légende mythologique apparaît dans le livre VIII de l'Odyssée d'Homère, probablement écrit au VIIIe siècle av. J.-C. Ovide reprend l’histoire dans ses Métamorphoses, Livre IV, vv. 176-178.

[73] Hyperlien : http://www.iconos.it/le-metamorfosi-di-ovidio/libro-iv/marte-venere-e-vulcano/immagini/06-marte-venere-e-vulcano/. Je remercie la Doctoresse Nina Willburger ainsi que Madame Ulrike Klotter du service photographique pour leur aimable autorisation d’utiliser la photographie de cette belle pièce d’Arès et Aphrodite.

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