Le sable « noir » d’Herculanum (par Philippe Durbecq)

 

 

Je tiens à remercier ici le Dr. Francesco Sirano, Directeur du Parc archéologique d'Herculanum dont les captivantes explications données dans ses documentaires m’ont permis de rédiger le présent article, ainsi que la Dottoressa Maria Sannino qui a eu la gentillesse de m’envoyer des photographies du pavillon des bateaux.

Un grand merci également à M. Enzo Morra, Directeur du DISTAR (Dipartimento di cienze della Terra, dell’Ambiente e delle Risorse) de Naples, ainsi que son collègue, le Pr Alberto De Bonis pour les renseignements qu’il m’a communiqués au sujet des analyses d'échantillons de sables volcaniques prélevés entre Cumes et Castellamare.

Enfin, je souhaite souligner l’obligeance du Dr. Domenico Camardo du Parc archéologique pour son autorisation à pouvoir publier les photos des aménagements du front de mer du site d’Herculanum.

(« mer Naples Herculanum » - utilisation gratuite dans le cadre de la licence Pixabay – crédit : https://pixabay.com/fr/photos/mer-naples-herculanum-plage-italie-4910476/)


Pour beaucoup d’entre nous, le mot « plage » ranime des souvenirs d’enfance, de vacances et de farniente à l’ombre d’un parasol. Il ouvre la porte au rêve, et sous-entend, bien entendu, la proximité immédiate de la mer. Pour d’autres, elle peut être associée à la mort, comme c’est le cas pour Gustav von Aschenbach [1] dans le chef d’œuvre de Luchino Visconti, dans lequel le compositeur, terrassé par une crise cardiaque [2], rend son dernier souffle sur la plage du Lido de Venise tout en contemplant une dernière fois l’objet de sa fascination [3].      

                                                     

 

Capture d’écran d’un clip du film de Luchino Visconti (Chaîne WW Movie Clips – source : https://www.youtube.com/watch?v=G_0993qzZAQ)

 

La plage d’Herculanum est, quant à elle, plutôt liée à cette deuxième évocation. En effet, sur la portion de plage d’Herculanum qui a été dégagée et fouillée dans les années 80, les archéologues ont retrouvé les squelettes de 300 personnes entassées sous les voûtes des hangars à bateaux (situés près du port d’Herculanum), mais aussi dispersées sur la plage proprement dite, ainsi qu’un bateau. 

 


Vue d'Herculanum avec, au premier plan, l'ancienne plage avec les arches des pêcheurs (photo Graziano Tavan – source : antica spiaggia di Ercolano | archeologiavocidalpassato – avec l’aimable autorisation du Dr. Domenico Camardo du Parc archéologique - MINISTERO DELLA CULTURA - PARCO ARCHEOLOGICO DI ERCOLANO - © Toute autre reproduction ou duplication par quelque moyen et de quelque manière que ce soit est strictement interdite)

 

 Source : site « Romanoimpero » – Hyperlien : https://www.romanoimpero.com/2010/02/ercolano.html [4]

 

L’heure du choix

 

Dans les premiers temps de l’éruption de 79 ap. J.-C., Herculanum est épargnée par la pluie de pierres ponces qui tombe sur Pompéi, laissant un délai de réflexion beaucoup plus long aux habitants quant à la décision à prendre : partir ou rester.

 

La flotte de secours commandée par Pline l’Ancien avait comme objectif initial Herculanum, mais elle ne put accoster à cet endroit, les risques étant trop grands pour les navires. La flotte mit dès lors le cap sur Stabies.

 

La découverte des squelettes

 

C’est en cherchant la ligne de côte (la mer a reculé de 400 m à la suite de la catastrophe) que des étudiants suédois ont découvert les squelettes de certains habitants. L’intérêt d’une telle découverte réside dans le fait que ces squelettes constituent une mine de renseignements pour les archéologues (les Romains se faisant incinérer [5], très peu de squelettes sont disponibles). Le problème ici est que les corps ont été complètement carbonisés. Certaines analyses n’ont donc pas été possibles. En outre, sous l’effet de la chaleur, les organes internes ont explosé.

 

On a toutefois remarqué que ces hommes et ces femmes étaient pressés les uns contre les autres (plus de 30 personnes sur seulement quelques dizaines de m²), sauf une dame enceinte qui était isolée. Ces gens sont donc morts alors qu’ils étaient en train de dormir. Proportionnellement aussi, on a retrouvé peu de squelettes d’hommes adultes. Apparemment donc, ils étaient partis en avant chercher du secours. On a pu identifier avec certitude la profession de deux d’entre eux qui étaient restés sur place : un médecin et un soldat [6], deux professions qui s’indiquaient pour la protection des vieillards, des femmes et des enfants.

 

Il est probable que le soldat précité était récemment descendu d’un bateau, peut-être d’une chaloupe ou d’un canot de sauvetage, arrivé pour aider les nombreux Herculanais qui s'étaient amassés le long de la plage et s’étaient abrités dans les arches qui soutenaient la zone sacrée située au-dessus.

 

Le bateau en bois carbonisé

 

Le 3 août 1982, lors des fouilles de l'ancien port de la ville d'Herculanum, l'archéologue Giuseppe Maggi a en effet déterré un bateau en bois carbonisé renversé, à quelques mètres des bains suburbains surplombant la plage. C’est la seule embarcation retrouvée à Herculanum. Ce bateau est, à présent, exposé dans un pavillon aménagé spécifiquement pour l'accueillir : l’esquif est maintenu dans une structure de métal qui respecte sa forme d’origine.

 

 La barque d’Herculanum en exposition au musée (pavillon des bateaux – Parco archeologico di Ercolano) - Crédits : © Ad Meskens / Wikimedia Commons – source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Herculaneum_Museum_Ancient_boat_01.jpg?uselang=fr.


Long de plus de 9 mètres, large de 2,20 mètres et haut de près d'un mètre, le bateau a été construit avec différentes essences de bois. La charpente était en bois de hêtre, qui plie lorsqu’il est exposé à la vapeur et s'adapte pour créer des cadres résistants, le bordage était plutôt en pin, chêne et aulne tandis que les dessus des défenses étaient en sapin argenté. Les différentes parties du bateau étaient maintenues ensemble par des clous en cuivre bombés et toute la structure était recouverte de planches de bois. La poupe du bateau, en excellent état, comportait encore la fourche de support du gouvernail qui y était fixée par une corde, également exposée dans le pavillon. La corde est enroulée dans un nœud appelé « nœud de chaise » (« gassa d’amante » en italien), un nœud typique encore utilisé aujourd'hui par les marins. Une bâche en cuir avec des coutures encore visibles a également été retrouvée près de la corde. Elle servait peut-être à protéger le bateau ou ses composants. La proue, qui a été exceptionnellement conservée intacte (elle n’est pas en bois carbonisé, mais en bois « vivant ») et présente même des restes de la couleur rouge qui la distinguait jadis, provient toutefois d’une autre embarcation plus petite (un esquif). Le bateau, quant à lui, était dépourvu de mât. Grâce à la découverte de trois dames de nage de chaque côté, on a compris qu'il y avait trois rameurs dans le bateau, chacun avec une paire de rames, et un timonier (c’est-à-dire qui tient le timon ou la barre du gouvernail) [7].

 

Le bateau en bois a été partiellement récupéré et exposé dans ce qu’on appelle le « pavillon des bateaux » près de l'entrée de la zone archéologique. Dans cet espace d'exposition se trouvent également de nombreuses trouvailles, liées aux activités maritimes, qui ont été récupérées dans divers bâtiments de la ville et dans les thermes de banlieue qui avaient manifestement été transformés en dépôt juste avant l'éruption du Vésuve. À côté de quelques rames bien conservées, une ancre avec les restes des mollusques encore attachés et quelques amphores sont exposées. Un treuil à axes verticaux en bois, du type dit Cabestan, qui servait à tirer les bateaux échoués, est situé à côté de la proue en bois clair peinte en rouge. Dans une vitrine, en revanche, divers objets sont exposés tels que des flotteurs en liège (pour les filets flottants), des hameçons, des aiguilles à ramender (« navettes » dont photos ci-dessous : à gauche celles d’Herculanum, à droite la version moderne) pour raccommoder les filets, des plombs (pour les filets dérivants [8]), des hameçons en bronze [9] et même un panier en osier avec les restes d'un rouleau de fil de pêche. Dans l’étui se trouve également un coquillage blanc de type Charonia tritonis, communément appelé triton [10], dont la pointe est coupée pour obtenir une sorte de trompette qui servait, la nuit ou en cas de brouillard (« corne de brume »), à avertir de la présence du bateau aux abords des ports ou à indiquer sa position par rapports aux autres bateaux. 

                                                                                     



         Aiguilles à ramender (à gauche, celles d’Herculanum – photographie transmise par Maria Sannino et publication avec l’aimable autorisation du Dr. Domenico Camardo du Parc archéologique - MINISTERO DELLA CULTURA - PARCO ARCHEOLOGICO DI ERCOLANO - © Toute autre reproduction ou duplication par quelque moyen et de quelque manière que ce soit est strictement interdite) ; à droite la version moderne – avec l’aimable autorisation de M. Bruno Fortineau des Ets Dulac)

 


Coquillage blanc de type Charonia tritonis - publication avec l’aimable autorisation du Dr. Domenico Camardo du Parc archéologique - MINISTERO DELLA CULTURA - PARCO ARCHEOLOGICO DI ERCOLANO - © Toute autre reproduction ou duplication par quelque moyen et de quelque manière que ce soit est strictement interdite)

 

Le piège se referme

 

Les habitants qui étaient venus se réfugier dans les salles voûtées des hangars à bateaux y ont dès lors été piégés. Dix-sept années avant l’éruption de 79 av. J.-C., un séisme majeur s’était produit qui avait provoqué des dégâts importants.  Les habitants d’Herculanum connaissaient donc les tremblements de terre et certains d’entre eux qui n’étaient pas partis ont voulu trouver refuge dans ces hangars qu’ils croyaient des abris sûrs, sans savoir que, cette fois, cela ne suffirait pas. Au milieu de la nuit, la nuée ardente [11] a envahi la ville et les y a atteints, les tuant instantanément [12] (contrairement à Pompéi, les habitants n'ont pas souffert et leur mort fut brève [13]). Les habitants meurent soit carbonisés s’ils étaient à l’air libre, soit par choc thermique s’ils étaient à l’intérieur des bâtiments [14]. La température de la nuée ardente a cependant provoqué la fusion des chairs, de sorte qu’il est impossible, à Herculanum, de faire des moulages comme à Pompéi : on a simplement des ossements.

 

Les analyses effectuées

 

Ces ossements ont été analysés (en particulier au niveau du collagène, une protéine qui maintient le tissu osseux) et ont apportés de nombreux renseignements au sujet de l’alimentation des habitants d’Herculanum.

 

Ces analyses ont notamment permis de mettre en évidence une consommation de poisson plutôt élevée par rapport à celle de céréales. En outre, il existe des différences significatives entre hommes et femmes : les hommes mangeaient plus de poisson que les femmes, qui tiraient principalement leurs protéines de la viande, des œufs et des produits laitiers. Les raisons de ces différences ne sont pas établies avec certitude, mais il est toutefois possible d’avancer certaines hypothèses : les hommes, étant davantage engagés dans la pêche et d’autres activités maritimes que les femmes auraient privilégié une nourriture tirée de la mer, ou bien se seraient tournés vers ce type d’alimentation parce qu’ils avaient plus facilement accès à des catégories de produits plus chers, comme c’est le cas pour le poisson frais.

 

La revalorisation du front de mer en 2023 (projet « Ancient Beach »).

 

Le Dr. Francesco Sirano, le Directeur du Parc archéologique d'Herculanum, a assuré, qu’en 2023, la plage sera rendue aux visiteurs, avec un repavage mais, surtout, avec l'ancien sable volcanique noir, caractérisé par la présence de nombreux cristaux et qui est exactement le même que celui que nous avons aujourd'hui sur la côte devant Herculanum, devant Portici (https://www.youtube.com/watch?v=IdIX7moYcik).

                                     

 « Mer Naples Herculanum » - utilisation gratuite dans le cadre de la licence Pixabay – crédit : https://pixabay.com/fr/photos/mer-naples-herculanum-plage-italie-4910476/

 

Ce sable était déjà réapparu lors des campagnes de fouilles des années 80, avec Giuseppe Maggi (source : https://www.romanoimpero.com/2018/11/tesoro-di-pompei.html).

 

Chaque grain de sable est unique et on ne trouve pas les mêmes d’une plage à l’autre. Tout dépend de la température du site, de l’environnement local, de la composition des roches [15], de la faune … En fait comme le dit Gary Greenberg, « Le sable est le reflet de la biologie et de la géologie d’une région. ». 

 

Avec l’aimable autorisation de M. Gary Greenberg

 

Quelles sont les caractéristiques de ce sable noir ?

 

Le sable « noir » est un type de sable foncé du fait de la présence de minéraux comme la magnétite, l'hématite [16], l'ilménite [17], le pyroxène et le grenat.


Certaines de ses propriétés sont donc le magnétisme (la magnétite étant naturellement magnétique, le sable « noir » peut être facilement séparé des autres types de sables à l’aide d’un aimant), les grains qui le composent sont généralement plus denses et plus lourds que les autres minéraux sialiques [18] (feldspaths, feldspathoïdes).


Une utilisation spécifique de ce sable riche en minéraux précieux que le soleil séchait et chauffait jusqu’à une température pouvant atteindre 50 à 60°Celsius était la pratique saine des « stufe a rena » (« des poêles au sable »), dans le jargon médical de la psammothérapie (par l’immersion du corps dans du sable chaud, psammo signifiant « sable » en grec) ou de l’arénothérapie, en fonction des racines grecque ou latine du terme « sable ». Ce bain de sable pouvait donc se comparer à une séance dans un sauna naturel à finalité thérapeutique ou destiné à procurer du bien-être.

 

Déjà utilisé il y a plus de deux mille ans, à l'époque romaine [19], ce traitement bienfaisant se base sur l'action conjointe de facteurs marins car elle conjugue l'effet bénéfique de la chaleur produite par le sable avec celui des sels minéraux dissous dans la mer (qui pénètrent dans l’organisme par osmose), mais qui restent fixés aux grains de sable. Il était très efficace pour traiter les rhumatismes, l'arthrose, les allergies, les maladies de peau, l'ostéoporose, les inflammations et aussi pour faciliter le processus de guérison après des fractures. La tête, le cou et parfois même la partie antérieure du thorax ne sont pas recouverts de sable, comme on peut le constater sur cette ancienne photographie.  


« Bain de sable » pratiqué à Torre del Greco jusqu’à la fin des années 70’ (photo issue du Blog de Nicola d’Amato – source : https://noivastesi.blogspot.com/2021/08/a-vasto-nessuno-fa-piu-i-bagni-di.html)


Sur le plan archéologique, notons que les fouilles effectuées à Cumes par les archéologues du Centre Jean Bérard ont mis au jour une grande quantité de poteries dont de nombreux exemplaires de vaisselle rouge pompéienne contiennent des inclusions d’origine volcanique. Les archéologues ont dès lors décidé d’analyser les sables de plage de la région. Quatorze échantillons de sable ont été collectés le long du littoral de la baie de Naples, de Cumes à Castellammare di Stabia (anciennement Stabiae). On trouvera les résultats de leur analyse détaillée dans l’article « Minero-Petrographic study of cooking ware and pompeian red ware (rosso pompeiano) from Cuma (Southern Italy) », Archaeometry 55, 5 (2013), p. 862 (Beach sands from the Bay of Naples coastline[20]



Carte des prélèvements de sable réalisée par Ph. Durbecq sur base des photographies exemptes de Copyright reprises en annexe (aimablement communiquées par M. Enzo Morra, Directeur du DISTAR) et d'une carte Google.


La comparaison de ces poteries avec la composition minéro-pétrographique des sables de plage indiquent que la zone Somma-Vésuve se caractérise par des scories et du grenat à leucite. Les analyses pétrochimiques ont également permis d’opérer une distinction entre deux grands groupes de poteries caractérisées par des options technologiques différentes basées sur le degré de trempe et sur le type d'argile. Les données de diffraction des rayons X et de microscope électronique à balayage dénotent, quant à eux, une amélioration dans le processus de fabrication du Rosso Pompeiano, notamment en ce qui concerne le contrôle de la cuisson. 


En bas, à droite un fragment de Rosso Pompeiano (photo sans copyright, avec l’aimable autorisation de M. Enzo Morra, Directeur du DISTAR)

 

Le but ultime du projet « Ancient Beach » consiste à reniveler la zone avec du sable volcanique jusqu’au niveau exact où il l’était au moment de l’éruption. Cela permettra de circuler librement sur le secteur de la plage, et donc de supprimer les passerelles qui existent encore aujourd'hui, car l’on est confronté au problème de la montée des eaux. Avec le nouveau projet, l'eau sera maîtrisée grâce à une intervention technique. 

 

Une fois la hauteur de sable ramenée à son niveau de 79 après J.-C., il sera possible de visiter librement les arcades et la plage et de se rendre à la Villa dei Papyri. Voir le front de mer de la ville d’Herculanum est une expérience unique : Herculanum est la seule ville de l'ancien monde romain à avoir préservé directement l'intégralité de celui-ci. Aujourd'hui encore, on peut emprunter une rampe, mise au jour par les fouilles, qui permettait de descendre du troisième cardo sur la plage. Cette rampe a été débarrassée de la végétation qui l’envahissait et qui empêchait dès lors de pouvoir l’observer dans tous ses détails. 

 

Finalement, le public aura une double image : en regardant vers le Vésuve, il pourra voir le devant de la ville, tandis que derrière lui, il y a la section impressionnante falaise de plus de vingt mètres de matériaux pyroclastiques qui, au cours de l’éruption ont enseveli et complètement recouvert la ville : aujourd’hui, le parcours de l'ancienne plage d'Herculanum depuis les arches des pêcheurs jusqu’à la Villa dei Papyri ressemble à une promenade dans un canyon, En raison des phénomènes de mouvements de terrain liés à l'éruption de 79 après J.-C., la plage est en effet à présent située à environ quatre mètres sous le niveau actuel de la mer et cette dernière non seulement ne touche plus l’ancienne plage d’Herculanum, mais n’est plus visible non plus depuis celle-ci, car elle est cachée par le « mur de lave », une situation qui a immédiatement posé d'importants problèmes de régulation des eaux.

                                     


  

A gauche, l'ancienne plage d'Ercolano est en cours de travaux d'excavation et de nettoyage pour être ouverte au public (photo paerco – avec l’aimable autorisation du Dr. Domenico Camardo du Parc archéologique) ; à droite, le mur de lave qui empêche de voir la mer depuis l'ancienne plage d'Ercolano (photo Graziano Tavan – Source : https://archeologiavocidalpassato.com/tag/antica-spiaggia-di-ercolano/- MINISTERO DELLA CULTURA - PARCO ARCHEOLOGICO DI ERCOLANO - © Toute autre reproduction ou duplication par quelque moyen et de quelque manière que ce soit est strictement interdite)

Grâce à ces travaux de revalorisation, le front de mer retrouvera son apparence d’antan et permettra une meilleure circulation des visiteurs dans le parc archéologique.


Références

Bibliographie indicative

  • D. CAMARDDO - M. NOTOMISTA, I rinvenimenti nell'area dell'antica spiaggia di Ercolano e le dinamiche dell'eruzione del 79 d.C., In Rivista di Studi Pompeiani XXIX, 2018, pp. 207-212 ;
  • D. CAMARDO, S. Court, M.P. GUIDOBALDI, & M. Notomista, 2014, Ercolano e il mare, Archeo 354, pp. 70-79 ;

Liens : 



[1] Aschenbach signifie « ruisseau de cendres ».

[2] Comme Wagner en 1883 au palais Vendramin à Venise.

[3] « L’ombre désincarnée de Tadzio (…) devient psychopompe pour guider [Aschenbach] vers un au-delà immense et « plein de promesses » » Joanna Rajkumar, « Variations sur le thème de Ganymède », In Ganymède ou l’échanson. Rapt, ravissement et ivresse poétique, Coll. Littérature et poétique comparées, Presses universitaires de Paris 10 (sous la direction de Véronique Gély), 2008, p. 258 et note 71). Campé dans une posture inspirée de la statuaire grecque, Tadzio pointe le doigt vers l’horizon, le large, l’éternité en guise d’appel muet pour être enlevé vers le ciel comme Ganymède par l’aigle de Zeus.

[4] « Les images insérées dans les messages ne sont pas la propriété du site, mais sont publiées, sous une forme non originale, à des fins éducatives et informatives uniquement, conformément au paragraphe 1-bis de l'article 70 de la loi n. 633 du 22 avril 1941, « Protection du droit d'auteur et autres droits liés à son exercice ». Dans le même temps, toute personne souhaitant utiliser du matériel sur « Romanoimpero » peut le faire en citant la source et l'adresse. De plus, les textes et les images sont attribués aux auteurs respectifs où ils sont reconnaissables, mais si leur publication viole le droit d'auteur, veuillez le communiquer et nous supprimerons ou citerons leurs créateurs. » (source : https://www.romanoimpero.com/2015/03/info.html).

[5] Sauf les petits enfants. A Pompéi, le seul corps à avoir été inhumé (avant l’éruption cela va sans dire, au cours des dernières décennies de la vie de la cité) et non incinéré est celui de Marcus Venerius Secundio. Ses restes, en partie momifiés (intentionnellement ou pas), ont été découverts en 2021 dans la nécropole de Porta Sarno, dans le cadre d’une campagne de fouilles menées à l'initiative du Parc archéologique de Pompéi et de l'Université européenne de Valence. Une inscription commémorative au propriétaire fait référence, de manière extraordinaire, à des représentations qui ont été données en grec à Pompéi et dont aucune preuve directe n'avait été trouvée auparavant. La figure de Marcus Venerius Secundio – qui apparaît également dans les archives de tablettes de cire du banquier pompéien Lucius Caecilius Jucundus, propriétaire de la domus du même nom sur la Via Vesuvio – était un esclave public et gardien du Temple de Vénus. Dès sa libération, il atteignit un certain statut social et économique, comme en témoignent la tombe assez monumentale, et l'inscription : en plus de rejoindre les rangs des Augustales (collège des prêtres voué au Culte Impérial), comme le rappelle l'épitaphe, « il a donné des représentations en grec (ludi graeci) et en latin pendant quatre jours ». C'est la première preuve claire de représentations à Pompéi en langue grecque, ce qui avait été précédemment supposé sur la base d'indicateurs indirects. Nous avons ici un exemple de la Pompéi multiethnique du début de l'âge impérial, où le grec, alors lingua franca de la Méditerranée orientale, trouve sa place à côté du latin. Que des spectacles en grec aient été organisés témoigne du climat culturel vivant et ouvert qui caractérisait l'ancienne Pompéi. D’autre part, les potentielles origines helléniques du défunt pourraient expliquer son mode de sépulture : les Grecs se faisaient inhumer. Non moins exceptionnelle que l'inscription est l'enterrement de Marcus Venerius Secundio, avec l'un des squelettes les mieux conservés jamais trouvés dans la ville antique (avec notamment ses cheveux).

[6] Ce simple soldat romain est monté en grade à titre posthume, presque deux mille ans après sa mort, puisqu’en 2021, 40 ans après sa découverte, Francesco Sirano, le directeur du Parc archéologique d'Herculanum, a réévalué le matériel archéologique trouvé auprès de lui. En plus de quelques traces de son armure, les archéologues avaient en effet exhumé une sacoche rectangulaire qu'il portait au dos et qui contenait les outils de menuiserie, une ceinture en cuir, le glaive et le poignard en question, mais aussi une somme d'argent qui devait avoir été jadis contenue dans une bourse. Or, la ceinture était agrémentée de feuilles d'or et d'argent peuplés de lions et de chérubins, tandis que son épée était ornée d'une poignée d'ivoire et contenue dans un fourreau décoré d'une image représentant un bouclier ovale. Mieux encore, le pactole à ses côtés était constitué de douze denarii – des deniers d'argent – et de 2 aurei – des deniers d'or, l'équivalent de la solde mensuelle d'un prétorien. C’était donc soit un prétorien, soit un officier de la flotte de secours dépêchée à Herculanum (le bouclier ovale ferait référence à l'armement employé par le corps d'élite des prétoriens, qui formait la garde impériale (ils assuraient la protection de l’empereur) et la garnison de Rome.  Seuls les soldats qui avaient fait leurs preuves au combat pouvaient intégrer la garde prétorienne (ils étaient payés trois fois plus que le soldat ordinaire) ; l'hypothèse d'un officier de marine, quant à elle, peut être soutenue par les outils de la sacoche, qui seraient proches de ceux qu'emploierait un faber navalis, un important ingénieur, responsable de la charpenterie des navires romains. Par ailleurs, cette riche panoplie correspond tout à fait à ce qui avait été retrouvé dans la sépulture d'un haut officier de marine découverte en 1900 à Bottaro, en périphérie de Pompéi, sur le site d'un possible sanctuaire de Neptune. Une certitude est qu’il n'y avait pas de garnisons militaires connues dans la zone vésuvienne. Entre l'hypothèse du prétorien ou celle du marin, Francesco Sirano privilégie plutôt la piste d'un officier de la flotte dépêchée par Pline l'Ancien depuis Misène, à l'autre bout de la baie de Naples.

[8] Dans ce cas, le filet est fixé ou jeté en eaux peu profondes.

[9] Les hameçons destinés à la pêche en mer, trouvés dans les fouilles de Pompéi ou d’Herculanum, étaient longs et forts, en bronze ou en fer étamé.

[10] Triton était le trompette de Neptune, le dieu de la mer qu'il précédait toujours en annonçant son arrivée au son de sa conque recourbée.

[11] Dans la nomenclature de volcanologie, une coulée pyroclastique (littéralement « brisée par le feu », parce que la coulée est constituée de clastes, de fragments cassés) est un terme commun – général – à tous les phénomènes pyroclastiques, alors qu’« une nuée ardente » est un cas particulier. L’éruption n’étant plus assez puissante pour soutenir la colonne de cendres, une partie de la colonne éruptive s’est effondrée sur elle-même et est retombée avec des gaz brûlants (400° C), en déboulant le long des pentes du volcan, comme une avalanche de neige poudreuse en montagne.

[12] Alors qu’à Pompéi, au même moment, les gens vivaient encore (les nuées ardentes sont venues plus tard).

[13] La fin d’Herculanum a été beaucoup plus subite que celle de Pompéi. A Pompéi, les corps des victimes sont retrouvés dans une position de défense (il s’agit en fait d’une déformation post mortem due au rétrécissement et à la déshydratation des muscles). A Herculanum, aucune trace de réaction n’a été observée, parce que les tissus se sont évaporés très vite.

[14] Ce « coup de chaleur » est un facteur qui peut permettre une comparaison entre Hiroshima et Herculanum.

[15] Le sable n'a, par exemple, pas une granulométrie constante : cela dépend de la roche dont il est issu et du nombre de cycles d'érosion qu'il a subi.

[16] La magnétite (Fe3O4) peut s’oxyder en hématite (Fe2O3) au contact de l'air, l'eau et d'autres milieux oxydants.

[17] Minéral composé principalement d’oxyde de titane (FeTiO3). 

[18] Qui ont les propriétés du sial, riche en silice et en alumine.

[19] B. Prunier, La Psammothérapie en 2020 : Etat des lieux, p. 100. Sur la plage Le Fumarole d’Ischia, les anciens Romains se couvraient de sable très chaud à des fins thérapeutiques. 


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